Elle avait décidé de me quitter, ça n’était pas la première fois qu’une femme me quittait,  sortait de ma vie, concluait une histoire.  C’était toujours elles qui partaient, non pas que je n’en avais jamais eu envie (de les quitter) mais je craignais toujours qu’en leur annonçant une rupture elles ne se tirent une balle dans le cœur ou avalent je ne sais quels somnifères trop dosés. Et puis l’idée d’être confronté aux beaux-pères me dissuadait de prendre une telle initiative !

Nonobstant,  je me demandais souvent ce qu’elles étaient devenues, dans quel pays elles étaient allées, quelles histoires elles avaient connues, combien d’hommes (ou de femmes) elles avaient aimées… Enfin, vous voyez, ce genre de réflexions déprimantes.

Et puis le temps passe… D’autres rencontres, d’autres ruptures…

Jusqu’au jour où j’ai décidé d’apprendre le tango argentin et d’aller dans les milongas.  Vous me croirez si vous voulez mais depuis que je fréquente les milongas, ici et ailleurs, en France ou à l’étranger, je ne peux pas aller danser le tango sans rencontrer  une relation anciennement intime. Elles se sont toutes mises au tango, certes avec plus ou moins de bonheur, mais elles sont là,  au Club Sunderland ou à la Viruta, au Chantier ou à La Casa del tango, au Tango Officina ou au Giardino del Tango, au Kreatango ou au Clärchen Ballhaus, au  Tsukiji-shijo ou à 東京でタンゴ…

Et maintenant, elles sont dans vos bras.

Photo Tita Merello

Serge Davy