Cela tombait à pic car depuis plusieurs mois, j’avais l’impression de m’enfoncer dans le sol. La solitude m’avait fait tomber bien bas : alcool, coco, bref tout ce qui me tombait sous la main était consommable.

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Je n’en revenais pas : elle n’avait pas changé. J’étais resté plusieurs années sur son souvenir et voilà que je tombe sur sa photo dans «Tango», la revue de Jean-Louis Ducournau. Elle portait une petite robe noire Balenciaga qui lui tombait vraiment bien. Le photographe avait su saisir dans la danse une expression dans son regard que je reconnaissais : un mélange de plaisir et de peur, de tendresse et de fierté… Vlan, de nouveau je tombais amoureux d’elle.

En examinant de plus près le type qui dansait avec elle et dont les cheveux tombaient sur les épaules, les bras m’en sont tombés : je reconnus un professeur qui avait eu à la fin du siècle dernier quelques heures de gloire comme danseur de tango acrobatique mais était depuis tombé dans l’oubli. Je commençais à avoir très chaud, des perles de sueur glissaient sur mon front, cette femme, pour la seconde fois de mon existence, tombait bien. Il fallait que je la retrouve. La légende de la photographie indiquait l’adresse de la milonga où le cliché avait été pris. C’était un lieu que je connaissais, bien avant qu’un grand malheur ne me tombe dessus. Je pris ma veste et les clés de voiture, pour m’y rendre. Dehors il faisait frais mais la fièvre ne tombait toujours pas.

Peu importe, j’étais décidé à la revoir et tomber à ses genoux !

Janvier 2011