Il faut croire que la rencontre entre Pierre-André Sauvageot et José Muñoz était inscrite depuis fort longtemps. D’un côté, un homme passionné de BD et de romans policiers, réalisateur du «Jean-François Vilar, 95% de réel » ou encore du « Tardi en noir et blanc », et de l’autre un dessinateur épris de noir et blanc depuis son plus jeune âge, auteur avec son complice Sampayo d’un des plus beaux styles de la bande dessinée depuis plus de 30 ans.

Cette rencontre –Sauvageot/Muñoz – a débouché sur une grande amitié et sur un très beau film : « Argentina de Muñoz». L’avant-première qui s’est déroulée à Caen lors du 5ème CinéTango a permis aux bédéphiles, aux tangueros, aux cinéphiles et autres amoureux d’être le témoin du retour du dessinateur dans la ville de son enfance et adolescence.

Pierre-André Sauvageot prend le temps de suivre l’artiste dans la Pampa à la recherche de la maison de son enfance ou encore à Buenos-Aires dans les différents barrios où vécurent son grand-père, ses parents et ses professeurs et maîtres. Scènes fortes, émouvantes quand Muñoz évoque le sculpteur Huberto Cerantonio dont la fresque dans le quartier de la Boca est laissée à l’abandon.

La ville que nous fait découvrir le cinéaste est loin des clichés touristiques même si le tango est très présent dans les paroles, les dessins et les rencontres qui jalonnent le film. Muñoz raconte l’histoire de son enfance et adolescence sans jamais oublier l’Histoire de l’Argentine : les immigrants, Perón, les disparus, les réfugiés.

Quant à la lumière automnale qui éclaire tout le film, elle peut paraître en contraste avec l’œuvre du dessinateur mais elle existe aussi pour évoquer la genèse de l’ombre et de la lumière, profonde respiration des dessins de José Muñoz.

Photo : José Muñoz et Pierre-André Sauvageot